Les secrets de la graisse bleue

8 décembre 2017 2 Par danbuisson

Les secrets de la graisse bleue : Tout savoir sur elle

Comme tout produit qui fonctionne très bien, la graisse bleue engendre parfois des phantasmes qui reposent la plupart du temps sur un manque d’information.

Soyons clair, si vous tirez avec des munitions bas de gamme ou non sélectionnées pour le canon, la graisse bleue ne vous rendra pas plus précis. Elle est juste là pour vous faire économiser des munitions et pour vous apporter de la régularité dans vos tirs.

La graisse bleue est une substance faite uniquement pour reconditionner un canon de 22LR après un nettoyage au rimfire blend. Aucune autre utilisation n’est possible avec.

Mais je vais commencer par ce qu’il ne faut JAMAIS faire avec la graisse bleue.

L’utilisation de la graisse bleue : ce qu’il ne faut jamais faire

  1. Ne jamais passer de la graisse bleue dans un canon sale. Elle ne sert à rien dans ce cas, elle ne pourrait qu’aggraver les résultats.
  2. Mettre de la graisse bleue sur des munitions. La précision en cible serait digne d’un tir de chevrotine.
  3. Passer la graisse bleue avec un tampon VFG. La quantité et la surface de frottement sont insuffisantes, de plus le tampon VFG est fait pour absorber pas pour distribuer. Mettre la graisse bleue avec des patchs et rien d’autre.
  4. Utiliser la graisse bleue dans d’autres calibres que le 22LR. C’est inutile et anachronique, la graisse bleue augmentera la vitesse et le résultat en cible sera aléatoire.
  5. Oublier de mettre la graisse bleue dans sa poche, couvercle métallique vers soi avant utilisation. Oui c’est indispensable pour faciliter l’imprégnation de la graisse bleue sur le patch.

Qu’apporte le nettoyage du canon ?

Partir d’un état connu et reproduisible est un gage de régularité et donc de succès. Un canon propre est dans un état connu, donc stable, car il est facile en utilisant le bon protocole de nettoyage de revenir à l’état initial.

Un canon non entretenu, (même s’il fait des 10), va évoluer irrémédiablement avec le temps. Et au final après un nombre de coups très variable, il faudra repartir à zéro, avec parfois un magnifique anneau de carbone à la clé, très difficile à éliminer.

Le plomb, en moins d’une semaine, s’oxyde et se transforme en divers oxydes de plomb, produits très corrosifs pour l’acier qui se rajoutent au souffre produit par l’explosion de la poudre. Il faut absolument éliminer ces composés chimiques nocifs pour l’acier.

Définition de nettoyage

Le carbone ou le plomb ne partent pas sans aide chimique. A l’inverse l’action chimique seule ne suffit pas surtout le long de rayures. Les boresnakes marchent bien avec des gros calibres utilisant des balles non lubrifiées. En 22LR ils créent de belles micro rayures dans le plomb frais ce qui est lamentable pour la précision. C’est exactement comme passer une brosse bronze à sec, c’est juste catastrophique en terme de résultats.

Le type parfait du nettoyage passe par l’utilisation du protocole Espinet qui a l’avantage d’être précis et rigoureux.

Mais à quoi sert la graisse bleue ?

C’est une substance qui permet de reconditionner le canon en restaurant l’état de surface de celui-ci, après un nettoyage à blanc, c’est-à-dire, après l’élimination du plomb, carbone et de la graisse laissés par les balles en plomb et d’autres composés soufrés issus de la combustion de la poudre.

La graisse bleue vendue sur le site www.club50-60.com est spécialement adaptée au calibre 22 LR et à rien d’autre, la formule et les produits sont sélectionnés spécialement pour le calibre 22 LR..

Pour en revenir au nettoyage, après le protocole JL Espinet, le canon est proche de son état d’origine s’il le canon a été régulièrement entretenu. Ce n’est presque jamais le cas sur des carabines anciennes souvent très mal entretenues et jamais déplombées. Il y a un produit pour ces vieilles récalcitrantes qui est l’Eliminator qui s’utilise une première fois à la place du Rimfire. C’est le plus puissant des produits Boretech. Ensuite l’utilisation du Rimfire remplacera l’Eliminator.

Reconditionner : Re mettre en condition.

Les alliages de plomb sont naturellement lubrifiants, la graisse de munitions en petit calibre aidant le passage en force de la balle dans un canon bien étroit, pour maintenir les 330m/s nécessaires.

Après un nettoyage avec la méthode Espinet, la graisse bleue va restaurer l’état de surface en bouchant les micro porosités de l’acier. Même après avoir disparu du canon elle reste efficace jusqu’au prochain nettoyage.

Il y a un autre protocole qui existe qui est celui de Bleiker, armurier Suisse, qui utilise à la place de la graisse bleue, du Gun Oil (huile synthétique contenant du Téflon) Ceux qui sont allergiques à ce produit ne doivent pas l’utiliser. Je précise que je suis un des deux importateurs pour la France des produits Boretech donc du Gun Oil.

Je ne recommande pas ce protocole avec la Gun Oil sauf à être un tireur très expérimenté. Car si l’huile est mal éliminée il y a un risque de bagage du canon, l’huile n’étant pas compressible, s’il en reste dans le canon celui-ci est condamné.

Pour l’anecdote, j’ai déjà vu repartir une Bleiker absolument neuve à l’usine parce que le tireur avait rempli le canon de gun oil et avait juste laissé l’huile s’écouler sans passer aucun patch. Le bloofff produit à 3 reprises a été mortel pour ce beau canon tout neuf, retour usine.

De plus le Gun Oil contient une foule de composés chimiques y compris du téflon qui reste très volatil et du coup respirable.

La graisse bleue, elle, est sans danger et permet en une seule opération le reconditionnement du canon. Elle va déposer à l’intérieur une fine pellicule lubrifiante (naturelle 50% d’origine animale abeille et mouton) très adhérente qui va permettre en 5 coups d’avoir un canon optimum pour un tir de précision. La cire d’abeille est d’ailleurs un des composant absolument indispensable dans la formule.

Comment la mettre sur un patch ?

Avec le pouce à plat sur le patch, faite glisser le patch d’un bord à l’autre de la boite, refaire l’opération en tournant à chaque fois un peu le patch. Au final le patch est bleu clair, sans épaisseur de graisse bleue (cas de la graisse trop molle). La quantité nécessaire est infime. Une boite de 50gr de graisse bleue dure plusieurs années.

De temps en temps grattez la surface avec un couteau rond pour éliminer les peluches éventuelles de coton. Si la surface est très irrégulière un coup de sèche-cheveux (pas trop près) va refaire une belle surface lisse. Voir la vidéo sur Youtube dans l’article ci-dessous.

A quelle fréquence ?

Difficile d’être précis dans la réponse à cette question, suivant la marque de la munition, le type de canon acier ou inox, l’état du canon à un instant T, donnera pour chacun un résultat différent.

Le plus simple est après chaque séance de tir d’une centaine de balle. Soit environ 3 cartons de 22 hunter.

Je donne ici ma méthode personnelle qui est venue à force d’habitude et d’essai, qui est la suivante et qui donne sur mes vieilles Anschütz 54 des résultats plutôt positifs. Grace à ça je sais exactement dans quel état est mon canon. Je ne me pose plus la question dois-je nettoyer ou pas.

Donc je démarre le tir avec une carabine ayant été nettoyée avant, avec le protocole Espinet.

  1. Partir en ayant mis la boite de graisse bleue couvercle métallique (conducteur de chaleur) vers soi. La graisse bleue est très agréable à utiliser à 37° C et déprimante si elle est trop froide car difficile à utiliser. J’ai choisi un couvercle métallique d’une boite assez onéreuse pour cette raison. Le couvercle en aluminium conduisant bien la chaleur du corps, et procure à la graisse bleue la bonne consistance d’utilisation, ceux qui ne font pas ça ont une graisse inutilisable.
  2. A la fin du premier carton, carabine chaude, passage de 2 ou 3 tampons VFG secs dans un seul sens c’est-à-dire du guide baguette vers la sortie du canon. Cela élimine le carbone frais et les résidus de poudre.
  3. Puis 2 patchs ronds imbibés de Rimfire blend en faisant à chaque fois des petits va et vient de 10 cm.
  4. 3 patchs secs, il faut qu’à la sortie le dernier soit absolument sec.
  5. Ici le rimfire blend détruit la couche fraiche de plomb présent. On repart donc avec un état connu, d’un canon presque propre, du moins suffisamment pour partir pour une autre série de tir.
  6.  2 patchs de graisse bleue avec des petits va et vient de 10 cm afin de refaire l’état de surface d’origine. La répartition de la graisse bleue est particulièrement importante, il ne faut oublier aucune partie du canon. A la fin des séries suivantes reprise du même protocole.

A la fin du match 2 ou 3 tampons VFG secs en attendant la maison et le protocole Espinet.

Fréquentes questions

Alors la graisse bleue ça marche ?

Oui pour reconditionner un canon c’est magique et il n’y a pas mieux. Mais en suivant le protocole précis qui est livré avec chaque commande ou téléchargeable gratuitement sur le site.

Pourquoi la graisse bleue est elle bleue ?

L’inventeur de la graisse bleue l’a faite bleue, et on respecte son oeuvre. A vrai dire la couleur quelle qu’elle soit permet de quantifier le dépôt sur le patch.
Actuellement les produits utilisés sont tellement purs que l’additif odorant à la lavande a disparu. Celui ci était fait pour masquer les odeurs fortes de la graisse de laine.

Graisse bleue sans colorant

Peut on se fabriquer de la graisse bleue ?

Tout est possible, mais vous n’aurez jamais la qualité de celle vendue sur le site. Il faut plus de 5 heures de travail pour faire un lot de 20 boites, avec des produits strictement sélectionnés introuvables dans le commerce. Ensuite tout doit être fondu en respectant les températures de fusion différentes pour chaque composant au degré près. Tout ça avec un bain marie sans eau pour éviter la vapeur. Les molécules d’eau étant impérativement proscrites dans cette graisse y compris dans les composants.

Dernier conseils

Juste un dernier conseil, l’association Rimfire/graisse bleue est indispensable, l’un n’allant pas sans l’autre. Ils fonctionnent parfaitement ensemble.

Je rappelle qu’il est nécessaire d’avoir TOUJOURS la graisse bleue dans sa poche, été comme hiver, elle s’utilise à 37°C et devient liquide mais seulement entre 65°C et 70°C.